En 1978, en voulant porter secours à sa voisine, Michel Cambazard, photographe de son état, va se retrouver défenseur des chats errants..
Ce jour là, Madame Delassens, fidèle nourricière des chats du Cimetière Montmartre, est refoulée par les gardiens qui ont pour ordre de lui interdire l’accès du cimetière, ainsi qu’à toutes les dames qui apportent la soupe populaire aux matous abandonnés. Une opération de ramassage de ces chats est organisée par la ville pour raison sanitaire : ces chats capturés par les services municipaux sont destinés à la fourrière, et à l’euthanasie s’ils ne sont pas identifiés ni réclamés par leur propriétaire !
Ces « amis des chats » se sont mobilisés sur le terrain, pour les captures, les transports chez le vétérinaire, les convalescences des chats dans leurs petits appartements parisiens, ceci n’étant possible que grâce aux cotisations des adhérents qui s’étaient aussi mobilisés : car il n’était pas question de quémander la moindre subvention auprès de la Mairie, pour une opération qui allait à l’encontre des Règlements sanitaires !
Oui, il fallait d’abord sauver les chats errants ! Il fallait oser …
Il fallait oser créer un « Comité » : celles et ceux qui s’y aventuraient, allaient à l’encontre de cinq interdictions ; interdiction de trapper ces chats – seuls les services habilités y étaient autorisés- interdiction de les stériliser, de les tatouer, de les relâcher et de les nourrir. Il fallait oser être hors la Loi. Et ils ont osé.
Il fallait s’improviser secrétaire, comptable, attaché de presse, il fallait informer, communiquer, écrire, trouver des adhérents… Il fallait agir et le faire savoir.
Il fallait oser créer un « Comité » sans avoir aucun soutien financier… Acquérir le matériel indispensable : trappes, cages de transport, cages de convalescence…, financer les frais vétérinaires pour la stérilisation et les soins aux chats qui étaient trouvés blessés ou malades. Nous avons bénéficié de l’aide inestimable des dispensaires SPA… Mais à quel prix ! Pas question d’arriver à l’improviste : les rendez vous se prenaient longtemps à l’avance : et pour être sûr d’avoir le chat, il fallait trapper la veille, le garder la nuit, le porter à l’ouverture, et revenir le chercher avant 17h… et si on n’avait pas de voiture, on utilisait les transports en commun… et si on travaillait, il ne restait plus qu’à être en bons termes avec son patron.
Le 19 juin 1978, Nicolas est capturé, stérilisé, identifié, non par une encoche à l’oreille, mais immatriculé, au même titre que les chats de race et de maison au Fichier National Félin -AAA 0831, et relâché sur son territoire au cimetière Montmartre : il est le premier chat libre de France.